Et si les patients pouvaient payer leurs soins comme un abonnement Netflix, avec une mensualité fixe ?
De nouveaux modèles d’abonnement santé émergent pour couvrir certains soins courants. Quels sont les avantages et les limites ?
Chez MY HEALTHY, nous avons déjà exploré les nouveaux modèles économiques pour la santé dans un précédent article. Parmi les pistes envisagées pour améliorer l’accès aux soins et alléger le reste à charge des patients, l’idée d’un abonnement santé faisait partie des scénarios à suivre de près, aux côtés du tiers payant généralisé, du paiement différé ou encore du fractionnement des paiements.
Aujourd’hui, l’objectif de cet article est d’examiner plus en profondeur cette notion émergente d’abonnement de santé, son fonctionnement, les exemples concrets déjà en place, ainsi que ses bénéfices et ses limites.
Qu’est-ce qu’un abonnement santé et comment ça fonctionne ?
Inspiré des modèles par mensualité qu’on retrouve dans de nombreux secteurs (streaming, fitness, mobilité…), l’abonnement santé consiste à payer une somme fixe chaque mois en échange d’un accès simplifié à certains soins ou services médicaux. Il peut s’agir de téléconsultations illimitées, de bilans de santé réguliers, d’un accompagnement psychologique ou encore de services de prévention.
Mais attention : l’abonnement santé n’est pas une mutuelle. Une mutuelle santé est une assurance complémentaire, qui rembourse tout ou partie des soins en fonction d’un contrat établi avec l’assuré, généralement dans le cadre de la Sécurité sociale. À l’inverse, un abonnement santé fonctionne comme un accès direct à des services, sans forcément être lié à un remboursement ou à une coordination avec l’Assurance maladie.
L’abonnement santé peut donc être vu comme un mode d’encaissement alternatif et direct pour les professionnels de santé, souvent dans un cadre libéral ou entrepreneurial. C’est d’ailleurs une évolution que nous avons déjà abordée dans notre article sur les solutions d’encaissement pour les professionnels de santé.
Aux États-Unis, Amazon propose déjà un abonnement santé
Si ce modèle reste encore marginal en France, il s’est déjà installé durablement dans certains pays, notamment aux États-Unis. L’un des exemples les plus emblématiques est One Medical, un service de soins primaires racheté par Amazon en 2023.
One Medical propose un abonnement annuel de 199 dollars, qui permet d’accéder :
- à un réseau de médecins généralistes disponibles rapidement,
- à des consultations sans frais supplémentaires,
- à un suivi personnalisé de sa santé via une application mobile,
- à des services de téléconsultation 24/7,
- et à un accompagnement sur les démarches administratives de santé.
Le modèle repose donc sur une expérience fluide, digitalisée et intégrée, très éloignée de l’organisation traditionnelle des soins, avec une forte promesse de simplicité et de rapidité pour l’utilisateur.
Quels bénéfices… et quelles limites ?
Ces nouveaux modèles séduisent par leur promesse de clarté et d’accès facilité. Mais peuvent-ils réellement transformer en profondeur notre rapport au soin ? Voici un panorama des principaux avantages et inconvénients de l’abonnement santé.
✅ Les avantages
- Prévisibilité des dépenses : un budget santé fixe chaque mois, plus facile à anticiper.
- Accès facilité : téléconsultation illimitée, rendez-vous rapides, accompagnement personnalisé.
- Prévention renforcée : certains abonnements incluent des bilans de santé réguliers ou un suivi psychologique, favorisant une meilleure santé à long terme.
- Digitalisation des parcours : application mobile, rappels, accès aux données médicales.
- Souplesse d’engagement : certains modèles sont sans engagement ou sans paperasse, à l’image de l’abonnement à une salle de sport.
- Complément utile pour les patients peu remboursés ou ayant des besoins spécifiques non pris en charge (santé mentale, médecines douces…).
❌ Les inconvénients
- Couverture partielle : l’abonnement ne prend souvent en charge qu’une sélection de services, ce qui oblige à garder une mutuelle en parallèle.
- Inégalités d’accès : ces services sont majoritairement numériques, parfois urbains, et peuvent exclure les publics les plus fragiles.
- Risque de segmentation du soin : création d’une médecine à deux vitesses entre abonnés et non-abonnés.
- Manque de cadre réglementaire clair : en France, le flou autour de ces offres peut poser des questions sur les droits des patients, les obligations des prestataires ou l’articulation avec la Sécurité sociale.
- Paiement immédiat nécessaire : contrairement au paiement sans contact ou fractionné, l’abonnement suppose un engagement de trésorerie, ce qui peut être un frein pour certains patients.
Une piste à suivre… sans perdre de vue l’essentiel
L’abonnement santé ne remplacera probablement pas les systèmes d’assurance existants, surtout dans un pays comme la France, où la Sécurité sociale et les mutuelles jouent un rôle majeur. En revanche, il pourrait ouvrir de nouvelles voies pour des soins plus personnalisés, mieux coordonnés et plus accessibles dans certains contextes.
Reste à savoir comment ce modèle s’articulera avec les dispositifs publics existants, et s’il saura concilier logique de service et équité d’accès aux soins.
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