Les lecteurs fidèles de nos analyses le savent : MY HEALTHY, fer de lance de l’innovation dans les nouveaux business models applicables en santé, est toujours heureux d’étudier de nouvelles pistes pour un système plus équitable et performant. Après avoir déjà exploré les abonnements de santé et le paiement à la performance, le sujet qui nous intéresse et nous intrigue aujourd’hui est la notion de forfait de santé prédictif.Ce modèle émergent promet de transformer radicalement la façon dont nous finançons et accédons aux soins. En France, où la prévention est un enjeu majeur, ce concept soulève à la fois un espoir immense et des questions fondamentales.

Qu’est-ce que le Forfait de Santé Prédictif et quel impact pour les praticiens ?

Le forfait de santé prédictif est une approche qui s’appuie sur l’Intelligence Artificielle (IA) et l’analyse de vastes volumes de données médicales et comportementales. L’objectif n’est plus de financer la maladie une fois qu’elle est déclarée (modèle curatif classique), mais d’anticiper les risques pour maintenir l’individu en bonne santé (modèle préventif).

Concrètement, l’analyse du profil d’un patient permettrait d’estimer sa probabilité de développer certaines pathologies (maladies cardiovasculaires, diabète, etc.). Le forfait proposé serait alors personnalisé, incluant des services de prévention ciblée (suivi renforcé, coaching personnalisé, diagnostics précoces) plutôt qu’un simple remboursement en cas de besoin.

Les avantages de l’anticipation pour le système de santé

Pour les professionnels de santé comme pour les patients, le passage d’une médecine réactive à une approche proactive et prédictive apporte des bénéfices structurants pour l’efficacité globale du système. Cela passe par :

  • Meilleure prise en charge : Pour le patient, l’intervention est plus précoce et personnalisée. Une personne identifiée comme à risque pourrait se voir prescrire un suivi régulier avec un cardiologue ou un diététicien, bien avant l’apparition de symptômes graves.
  • Réduction des coûts à long terme : En prévenant les maladies chroniques coûteuses, le système de santé dans son ensemble réalise des économies substantielles. C’est le passage d’une logique de « réparation » à une logique de « maintenance ».
  • Valorisation de la prévention : Ce modèle encourage et finance activement les actes de prévention, valorisant l’expertise de nombreux praticiens (médecins généralistes, kinésithérapeutes, psychologues, etc.) dans le maintien de la santé, et non plus seulement dans sa restauration.

Les limites et les défis éthiques

Toute innovation majeure charrie son lot de défis, et le forfait de santé prédictif ne fait pas exception. Si l’horizon est prometteur, il soulève d’importantes questions concernant l’équité, la protection des données et le risque d’une médecine discriminatoire.

  • Utilisation des données : C’est le nerf de la guerre. L’efficacité du modèle repose sur l’accès et l’analyse de données de santé sensibles. Les questions de confidentialité, de sécurité et de protection des données sont très … TRÈS IMPORTANTES. Les praticiens, notamment les dentistes ou les chirurgiens, doivent être assurés de la totale conformité de l’infrastructure utilisée.
  • Risque de discrimination : L’analyse prédictive pourrait mener à des forfaits plus coûteux pour les personnes jugées « à risque », créant ainsi une médecine à deux vitesses. L’éthique, valeur centrale chez MY HEALTHY, doit primer pour éviter toute dérive commerciale ou ségrégation.
  • Responsabilité de l’IA : Que se passe-t-il en cas d’erreur de prédiction ? La responsabilité reste un point délicat qui nécessite un cadre réglementaire très clair.

Des exemples à l’international … et en France

Bien que le modèle de forfait prédictif pur reste en phase d’expérimentation, de nombreuses initiatives s’en inspirent déjà, souvent sous l’impulsion des assureurs ou des mutuelles à l’étranger :

Programmes de « Wellness » Connecté (USA)

Montre connectée de santéAux États-Unis, certaines compagnies d’assurance proposent des réductions ou des avantages si les assurés utilisent des objets connectés (montres, trackers, …) pour surveiller leur activité physique et leurs données de santé. C’est une première étape vers la personnalisation du coût de la couverture en fonction du comportement de l’individu.

En savoir plus sur l’impact des « wearables » dans l’assurance santé

Financement par objectif (Royaume-Uni)

Au Royaume-Uni, certains programmes ciblent des populations spécifiques (diabétiques de type 2, par exemple) en finançant non pas l’acte curatif, mais l’atteinte d’objectifs de santé concrets (perte de poids, amélioration des marqueurs sanguins) grâce à un accompagnement renforcé par des ostéopathes ou des naturopathes.

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En France : l’émergence des parcours de soins personnalisés

En France, nous assistons plutôt à une montée en puissance des parcours de soins coordonnés et des programmes de télésurveillance. Si l’idée n’est pas encore d’établir un « forfait » prédictif, la démarche est la même : utiliser la donnée pour adapter le suivi. Le rôle d’un vétérinaire ou d’un coach sportif pourrait d’ailleurs être mieux reconnu dans des logiques d’abonnement au bien-être, préludes à des forfaits plus globaux.

Cette incursion dans les modèles internationaux et les prémices françaises nous le confirme : la véritable force motrice derrière ces nouvelles approches de financement réside dans l’émergence et la démocratisation de l’Intelligence Artificielle (IA) et des capacités de traitement des grands volumes de données (Big Data).

Ce n’est que très récemment que les algorithmes sont devenus assez performants pour analyser les dossiers de millions de patients et en déduire des probabilités de risque fiables. Si, pour l’heure, les initiatives de forfaits prédictifs restent encore discrètes – l’IA n’ayant véritablement conquis le secteur de la santé que depuis quelques années – il y a fort à parier que les années à venir verront fleurir de nombreux programmes de ce type. La capacité à modéliser le risque individuel va devenir un standard, transformant non seulement le rôle du praticien de santé (médecin, psychologue, kinésithérapeute…) en acteur central de la prévention, mais aussi la structure même du financement des soins.

L’éthique au cœur de l’innovation

Comme d’habitude, MY HEALTHY livre un avis nuancé face à ce genre d’avancées. Nous sommes à la fois très adeptes du côté innovant qui peut grandement améliorer le système de soins. L’innovation n’est pas seulement un principe chez MY HEALTHY, elle est le moteur même de notre existence et la raison pour laquelle notre aventure a débuté : proposer des solutions de paiement de santé radicalement innovantes aux praticiens.

Par ailleurs, nous sommes aussi très favorables à la prévention plutôt qu’à la guérison. À ce titre, nous vous invitons à lire notre analyse Prévention santé, prévention financière.

Pour autant, l’idée même de lier la couverture à une note de risque personnelle nous oblige à la plus grande prudence. L’accès aux soins, notamment pour un psychologue ou un diététicien qui adressent des problématiques de plus en plus complexes, doit rester universel et non discriminant.

Elle doit s’accompagner d’une transparence absolue sur l’utilisation des données. MY HEALTHY continuera de militer pour une technologie conforme aux normes européennes les plus strictes, où l’expertise du praticien de santé (que vous soyez ostéopathe ou naturopathe) reste au centre de la décision, et non l’algorithme.

Le forfait de santé prédictif est une piste de réflexion passionnante, illustrant la convergence entre finance, technologie et santé. C’est une piste parmi d’autres, et les amateurs du genre pourront explorer à loisir deux analyses déjà menées par MY HEALTHY :

Le débat est ouvert. Quel rôle votre cabinet jouera-t-il dans ce futur des soins ?